Let them leave !

Pourquoi donc influencer nos amis anglais ? A la veille du référendum d’appartenance à l’Union Européenne, il est temps de se demander si une Brexit n’est pas une bonne nouvelle pour une Union Européenne en perte de vitesse.

Take back control !

Comme un certains nombre de fédéralistes européens, je suis résolument engagé en faveur du Brexit, sans doute cela me donne un point commun avec Michel Rocard. Que l’on soit pour ou contre l’UE, pour peu que l’on soit démocrate, on comprend que ce référendum est sain. Si les anglais n’adhèrent pas au projet politique européen, il faut qu’ils sortent. Qu’importe les conséquences économiques et financières, l’économie n’a pas attendue l’Europe pour fonctionner, ce problème est secondaire, l’essentiel est le projet politique (au sens noble).

Le combat des souverainistes britanniques rejoint le combat des fédéralistes européens car dans les deux cas il s’agit de reprendre le pouvoir : le pouvoir sur leur propre nation dans le premier cas, le pouvoir sur les velléités des gouvernements nationaux européens dans le second. Sans le savoir, la campagne du « Leave » fait le jeu de l’intérêt européen bien plus que de l’intérêt britannique. Ces derniers seront sans doute plus lourdement pénalisés par une sortie que le reste de l’Union, l’appartenance au marché unique est un avantage non négligeable pour une économie qui table 15% de sa richesse sur les activités financières.

The polls

Les sondages semblent toujours indiquer une avance pour le camp du Brexit. Néanmoins, ces derniers ne reçoivent qu’une confiance relative depuis les élections générale de mai 2015 où ils s’étaient avérés totalement faux, laissant penser à un résultat très serré voire une victoire des travaillistes, là où les conservateurs l’ont emporté haut la main.

Cependant, certaines enquêtes nous apportent quelques éléments, notamment sur les conséquences à long terme du Brexit :

Une décision irréversible ?

Les partenaires européens préviennent : si Brexit il y a, c’est un départ sans retour. Pourtant, le partage des votes en fonction de la tranche d’âge est frappant. Plus un britannique est âgé, plus il est probable qu’il soit pour la sortie de son royaume de l’Union Européenne. Le renouvellement de la population laisse donc à penser que d’ici une dizaine d’année, la volonté d’appartenir à l’UE (re)devienne majoritaire.

Néanmoins, les mêmes qui aujourd’hui appuient le Brexit, sont ceux qui approuvaient (à 67,23 % !) l’entrée dans la CEE en 1975. La différence de contexte demeure cependant majeure : la jeune génération d’aujourd’hui est forgée par la mondialisation culturelle et économique, elle n’approuve plus forcément l’Europe comme une garantie de paix, plutôt comme une évolution nécessaire des structures politiques dans un monde globalisé.

Taux du vote « Brexit » en fonction de l’âge, selon le vote aux dernières élections générales © YouGov UK, 2016

Une nécessité historique

Croire que la faiblesse de l’attachement des britanniques au projet européen est un phénomène nouveau est une absurdité. Si la situation actuelle ressemble aux autres mouvements « souverainistes » en Europe continentale, les racines en sont radicalement différentes.

En 1990 déjà, bien avant la crise de l’euro donc, le Sun titrait avec cette une polémique qui invitait le président de la commission européenne d’alors, Jacques Delors (un français de surcroît) à « aller se faire mettre ».

Up yours Delors ! […] The Sun today calls on its patriotic family of readers to tell the feelthy french to FROG OFF! – The Sun, 1er Novembre 1990

Le besoin de clarification est donc lourdement ancré dans le paysage politique britannique, un nouveau consentement à l’Europe est nécessaire. On regrettera simplement que la campagne du « Remain » s’attache à renouveler les bases actuelles de travail entre le royaume et l’Union, avec ce penchant pour fuir les pouvoirs législatifs et exécutifs européens, garant de l’intérêt général de l’Union.

Quel impact de l’assassinat de Jo Cox

Autant tenter de lire dans une boule de cristal. Sur les conséquences politiques de ce phénomène dramatique, on ne peut que spéculer. Même jeudi soir, nous ne saurons pas s’il a influencé les votes ou non, et surtout dans quelles proportions.

Mon intuition est que cette assassinat aura un impact, au maximum, de 2 points dans les résultats. Mais cela reste qu’une intuition, sans autre fondement qu’une appréciation personnelle.

L’assassinat de Jo Cox augure d’avantage le retour d’une extrême droite combative en Grande-Bretagne qui semblait pourtant avoir disparu. Une nouvelle page politique insoupçonnée serait elle sur le point de s’écrire ?

Le début de la fin de l’UE ?

Le référendum aura des conséquences, penser le contraire est une absurdité. Mais quelque soit l’issue, il sera le catalyseur de l’avenir européen. Si les nationalistes doivent reprendre la main en Europe, un Brexit serai un point de départ formidable. A contrario, le Brexit peut aussi être le point de départ d’une nouvelle Europe, fédérale et démocratique, qui se débarrasserai de brebis galeuses bien peu enclines à construire une Europe étatique.


Cet article est un billet d’opinion qui n’engage que son auteur. EIBS Radio diffuse ces articles mais n’endosse pas les prises de positions qui peuvent y apparaître.

Trésorier at EIBS | antoinealexandre@ei-bs.eu

Co-fondateur d'EIBS en 2010, je chronique l'Europe, sa politique, sa construction et son évolution.

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